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Bernhard (Thomas) > La force de l'habitude

Présentation

Thomas Bernhard, La force de l'habitude, L'Arche, 1997.

> Résumé
Le rêve de Caribaldi : finir une fois, une seule fois, le quintette, jouer une fois, une seule fois une musique parfaite. Caribaldi est directeur d’un petit cirque et joue avec le jongleur, le dompteur et bien sûr le clown La Truite de Schubert. D’un numéro classique du clown — des tentatives désespérées de jouer d’un instrument de musique — Thomas Bernhard a fait une tentative désespérée de jouer ensemble.

> Plus de détails
Dans une roulotte, le temps d'une représentation qui se déroule sous le chapiteau voisin, Caribaldi, directeur de cirque, sa petite fille danseuse sur fil, le jongleur, le dompteur et le clown vont essayer de jouer le quintette La Truite de Schubert sans jamais y parvenir. Le dompteur, blessé par un fauve, est ivre et incapable d'exécuter la partition, le clown se débat avec son bonnet qui ne cesse de lui tomber sur les yeux et une contrebasse désaccordée, la maladresse du jongleur l'oblige à ramper sous les meubles à la recherche de l'indispensable colophane, la petite fille du directeur est une charmante marionnette aux ordres de son grand-père qui, confondant souvent sa jambe de bois avec son violoncelle, éprouvera toutes les peines du monde pour organiser la répétition du fameux quintette.
Prisonnier d'une conception de l'art extrêmement élevée, Caribaldi exigera la perfection absolue, quitte à y perdre toute humanité. Maladresse, ivresse, blessures, incompétence, abrutissement et profonde mélancolie auront raison de son obstination.
Mais c'est dans une force colossale, celle de l'habitude, que cette improbable formation de musiciens trouvera sa raison d'exister.
S'inspirant de la truculence des personnages de la commedia dell'arte, Thomas Bernhard nous livre ici un regard tragi-comique sur nos existences : n'est-ce pas ce que nous ne cessons de répéter, inlassablement, qui nous constitue au plus profond ?
Tout dans ce texte progresse sur le mode de la composition musicale (crescendo, decrescendo, pour aboutir à un furieux presto).
Ce texte est une partition.
L'oeuvre de Thomas Bernhard est une admirable galerie de portraits de maniaco-dépressifs, la plupart du temps hantés par l'art et la culture, dont ils se font la plus haute idée, laquelle, confrontée à leur propre pratique, provoque un effet comique absolu.
On pourrait dire de La force de l'habitude qu'il s'agit d'une pièce pour marionnettes sous forme d'êtres humains ou d'êtres humains sous forme de marionnettes. Les personnages le disent à leur manière :
« Nous ne voulons pas de la vie
mais il faut la vivre
Nous haïssons le quintette La Truite
mais il faut le jouer »