Un peu de théorie

Un peu de théorie

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Intention d'écrire

Présentation

Une belle écriture mène à tout, ricanait Flaubert. "Indéchiffrable, signe de science ; exemple, l’ordonnance du médecin" concluait son Dictionnaire des idées reçues.
Qui se promène dans l’atelier, les poings dans le dos, prêt à proposer son aide, écoutant bruire contre le papier le talon des mains et les billes ou mines diverses, rarement les plumes, est souvent surpris, se penchant sur une épaule, de trouver jeté sur la feuille un vrai gribouillis, un assemblage de courbes et de piques en apparence purement décoratives. Et cela ne se produit pas forcément sur le bloc-notes près du téléphone. Colette, elle-même, s’adonnait au griffonnage inconscient, observait, dans un état second, « les jeux de la plume qui tourne en rond autour d’une tache d’encre, qui mordille le mot imparfait, le griffe, le hérisse de fléchettes, l’orne d’antennes, de pattes, jusqu’à ce qu’il perde sa figure lisible de mot, mué en insecte fantastique… »
Ces signes qui semblent, au premier abord, n’avoir aucune signification, on sait pourtant qu’ils ne sont ni langage de médium, ni gribouillis de désœuvrés, ni rêve ni halo, mais bel et bien un fait littéraire.
En net, ils sont l’écriture elle-même, dans sa forme naïve et dans sa vérité, non plus le caractère dompté, cette banale calligraphie devenue l’instrument de l’histoire racontée par le narrateur. La capacité à inventer d’abord les signes de son langage, à tracer pour commencer son propre alphabet, sans puiser aux formes de lettres déjà usées par les autres, constitue la plus puissante des intentions d’écrire.