Propositions d'écriture

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Usages du carnet

Présentation

DES USAGES DU CARNET

Qu’est-ce qu’un carnet, à l’heure des mémos, des dictaphones, etc.
Usage du carnet et mise en correspondance des notes prises pour créer.

On écrit à partir de soi (biographie, rêves), à partir de ce qu’on lit, à partir de ce qu’on voit = 3 séances

1. à partir de soi : prendre notes sur ses réactions, ses goûts pour un autoportrait chinois + j’aime je n’aime pas, rêves consignés. Ou bien seulement une liste des mots qu’on aime. IMPLEXE : lire des livres sans cesse, c’est enrichir sans cesse son lexique, c'est-à-dire avoir à sa disposition, pour un même sens, une dizaine de mots de longueur différente, et cela est essentiel au rythme. Et le rythme est premier. Nommer, lexiques, parler les choses, c'est les faire exister pour quelqu'un d'autre. Si je nomme cette table qui est là, je la fais exister pour vous, qui ne l'aviez peut-être pas vue. Et maintenant elle fait partie de votre univers.

2. Je cite donc j’écris : pillage des livres pour un relevé de citations.

3. Journal du dehors, notes prises en plein vent, bus, cour de récréation, dans une salle de classe où on se croit enfermés, ciel…



CARNET stabilité physique du carnet qui fait sa force. La possibilité d’y réunir des choses disparates qui conspirent à un même projet. Le carnet : potentialités ouvertes et dispersées. Opérateur d’accélérations pour des potentialités. Le carnet sert à construire l’espace d’un système d’interrelation entre des idées. Une synergie et des réciprocités inédites. Fonction conservatoire et heuristique du carnet. Il sert à découvrir ce qu’on ne savait pas. Permet sauvegarde, stockage des idées, c’est une zone active. Sert à formuler de nouvelles combinaisons entre des éléments, par la construction plus ou moins aléatoire de leur voisinage dans une même étendue. Espace productif par les simples ressources de la contiguïté, rapprocher matériellement des choses que je n’aurais pas forcément songé à associer par l’esprit.
Carnet : sorte d’affût ou d’attention flottante. « Je vais y glaner des choses précieuses pour l’écriture, mais comme un inventeur, comme celui qui découvre des trésors, sans chercher à connaître l’inventaire exact des richesses que j’y ai entreposées. »
« Le carnet, par sa clôture physique de support, a cette vertu de susciter des interconnexions violentes entre des idées, entre des savoirs, ou entre des pensées et des savoirs. »
« agenda mental où se sont déposées à leur heure chacune des trouvailles dont le texte sera constitué »
croire aux Muses évite de faire un plan
avoir une foi extraordinaire dans l’écrit, dans la lettre, dans le verbe. Mais souvent croyance à éclipses

USAGES DU CARNET / Giovanni écrit à partir d’un calepin « où il notait tout ce qui lui passait par la tête. » La moisson du jour : - essayer de placer les mots affliction et maléfices. Et aussi la phrase : Je sais apprécier un poison qu’on a laissé murir. Dépasser cette putain de page 28 avant demain soir. » Ce sont également vos méthodes de travail ?

CARNET DE CITATIONS / Michel Leiris, dans Biffures : « Lorsque je me sentais inapte à extraire de ma propre substance quoi que ce soit qui méritât d’être couché sur le papier, je copiais volontiers des textes, collais sur les pages vierges de cahiers ou de carnets des articles ou des illustrations découpés dans des périodiques (…), mécanique de ces gestes auxquels il est difficile de ne pas prendre plaisir même si l’on n’en attend aucune espèce de résultat pratique : tailler à coups de ciseaux, rogner, badigeonner, appliquer bien à l’équerre une surface sur une autre surface. »
Découpage et collage sont les expériences fondamentales du papier, lecture et écriture en seraient les formes métaphoriques.

Erasme et sa lecture soulignante, la méthode du « carnet », les compilations et les dictionnaires, autant de recettes pour préserver une matière durable tout en détruisant la forme particulière des textes sources. L’écrivain doit affirmer son indépendance en multipliant et en fragmentant ses modèles afin de ne pas se laisser prendre au prestige d’un seul auteur. L’auteur, en tant qu’imitateur, admet ne pouvoir échapper entièrement aux contraintes engendrées par ce qu’il a lu, mais il faut qu’il gomme la richesse des sources écrites préexistantes et qu’il tente de présenter le discours comme jaillissant immédiatement de son souffle ou de sa voix. Se goinfrer donc, puis régurgiter, à sa façon, en quelques nuits d’écriture, battant le tout en une mousse écumante, une pâte de références.