Billets du lever

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Le miroir de la presse

Présentation

Le miroir de la presse

Ecrire sans laisser de trace (écran versus papier) est d’une perfection toute chinoise... Valéry haïssait le lecteur de passage : « Je préfère être lu cent fois par le même plutôt qu’une seule fois par cent personnes différentes ». Inversement, ce que je semble désigner ici comme défaut ou manque est également opératoire, et probablement fécond. Fulgurance, réplique, spontanéité sont à leur tour des valeurs. Un texte qui n’est pas stabilisé est potentiellement améliorable, retouchable, retravaillable à infini ! Gloire à l’inachevé...
Mais je me pose la question de l'art de l'imprimeur, de celui de la typographie, dont Valéry, toujours, rend compte dans quelques pages intitulées Les deux vertus d'un livre : "L’esprit de l’écrivain se regarde au miroir que lui livre la presse. Si le papier et l’encre se conviennent, si la lettre est d’un bel œil, si la composition est soignée, la justification exquisement proportionnée, la feuille bien tirée, l’auteur ressent nouvellement son langage et son style. (...) Il croit entendre une voix bien plus nette et plus ferme que la sienne, une voix implacablement pure articuler ses paroles, détacher dangereusement tous ses mots. Tout ce qu’il écrivit de faible, de mol, d’arbitraire, d’inélégant parle trop clair et trop haut. C’est un jugement très précieux et très redoutable que d’être magnifiquement imprimé".
Qui donc, dans le livre numérique tel qu'on le conçoit aujourd'hui, rendra ce jugement "très précieux et très redoutable" ?

22 novembre 2011