Propositions d'écriture

Propositions d'écriture

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Un atelier d'Anne Roche

Présentation

UN ATELIER D'ANNE ROCHE

1. Votre naissance (connue à travers les récits de la famille ou de l'entourage, ou inventée).
"Ecrire la naissance, c'est s'inscrire au-delà d'un acte d'état-civil, d'une reconnaissance administrative, dans la petite et la grande histoire.
C'était un trois mai, à huit heures.
C'était au sortir d'un long hiver rigoureux.
C'était au sortir d'une guerre qui n'en finissait pas.
C'était le retour au pays du père...".

2. Votre nom : déplier le nom, le prénom, le surnom (dans leurs rapports au corps), associer des fragments autour. Soi et les autres.
D.G.-P. a déplié son prénom en associant à chaque lettre les caractères de l'alphabet hébreu, en s'inspirant des Mystères de l'alphabet de Marc-Alain Ouaknine. "Ecrire, c'est archéographier son nom, c'est se porter au-delà de soi, c'est exister autrement, c'est inscrire l'origine des lettres qui l'habitent, c'est écrire l'histoire d'une métamorphose."
Les parents apparaissent au travers de deux lettres, ("Ecrire c'est se relier à ceux qui nous ont quittés, c'est rompre l'espace temps, c'est correspondre avec l'indicible"), une lettre au père mort ("Tu ne nous as pas laissé le temps de te voir vieillir"), une lettre à la mère, étayée d'une photo, le jour de leur mariage :
"Le temps d'une pause photo et voilà ton regard immortalisé, déjà absent de l'instant présent comme si tu ne réalisais pas ce que tu vivais ce jour-là, comme déjà revenue de tes rêves./.../
Pas d'effusion, les corps ou plutôt les bustes, s'inclinent l'un vers l'autre, s'épaulant dans l'équilibre d'un triangle isocèle presque parfait, avec à son sommet les lignes de fuite des deux têtes réunies, celles de mon père et de ma mère /.../
De ce jour-là je ne sais presque rien, ni le jour exact, ni les sentiments qui vous animaient alors."

3. La crise. Décisive, unique ou plurielle. Les moments-charnière d'une vie. Les lieux liés à la crise.
A l'aide encore de l'alphabet, de Glossaire j'y serre mes gloses de Leiris, la crise s'écrit, sans aveu anecdotique, dévoilant l'essentiel :
"C'est arrivé comme ça, sans qu'on s'y attende. Vie contenue. Vie suspendue. A quoi ? On ne sait pas très bien. C'est là, lové dans un coin de l'âme./.../ Ecrire, c'est revivre le tumulte qui dévoile un jour l'intime. J'avais franchi mes barricades, mis le feu à mes oripeaux, comme en écho d'une mutation qui secouait toute une société, tandis que dehors les révoltes étudiantes avaient cessé, et le Printemps de Prague s'était éteint."

4. Commentaire sur l'auto-écriture : en particulier, regard sur le rapport passé-présent.
"Ecrire, c'est relier hier à aujourd'hui.
Ecrire, c'est découvrir des années plus tard qu'imiter avec ses mots et les contraintes de ceux dont on admire l'écriture, c'est explorer l'expression des autres, pour libérer la sienne et l'enrichir." Et de composer un rondeau à la manière de Charles d'Orléans, puis un texte à la manière de Haut mal de Leiris.

5. Fragments-éclairs, sur un thème : l'ennui, le départ, une absence, la fête, la perte, une dispute, une colère, un premier amour, un objet chéri ou détesté, une peur, une injustice, une honte, un petit bonheur ... Les stagiaires sont invités à écrire très vite (pendant un quart d'heure) sur chacun de ces thèmes (avec possibilité d'en sauter un ou plusieurs), puis, en un second temps, à relire, sélectionner, chercher un fil conducteur, une thématique autour d'une personne, d'un ton, d'une couleur, d'un lieu...