Propositions d'écriture

WHAT A MAN !

Ils sont nombreux, les écrivains qui s’illustrent, par jeu ou par goût de la gymnastique et de l’apprentissage de la langue, aux techniques littéraires. Le monovocalisme, par exemple, est un exercice par lequel vous devez produire un texte en ne vous servant que d’une seule voyelle. Voici la fable Le Corbeau et le Renard, ainsi « corrigée » par Marie-Christine Plassard, dans un irrésistible monovocalisme en E :
"Père Merle perché serre entre le bec le bretzel : Mère Fennec est présente : « Eh, Merle, Révérences ! » jette cette Mère Fennec. Père Merle se penche et… le bretzel descend entre les dents de Mère Fennec. Père Merle blême et berné peste ; Mère Fennec se délecte et rentre chez elle."

Parfait, non ? La Fontaine et Esope doivent se retourner dans leur tombe, mais il faut admettre que la morale est sauve et l’action respectée.

Georges Perec, le surdoué des jeux de lettres, ne se contenta pas de trafiquer un texte source. Il inventa 4 à 5 pages d’une histoire de bagarre, intitulée What a man ! et signée Gargas Parac, le tout étant un monovocalisme en A. Voici le portrait vestimentaire et l’allure générale d’Andras MacAdam, une sorte de cavalier blanc, l’un de ses héros :
« Smart à falzar d’alpaga nacarat, frac à rabats, brassard à la Franz Hals, chapka d’astrakan à glands à la Cranach, bas blancs, gants blancs, grand crachat d’apparat à strass, raglan afghan à falbalas, Andras MacAdam, mâchant d’agaçants partagas, ayant à dada l’art d’Allan Ladd, cavala dans la pampa. Passant par là, pas par hasard, marchant à grands pas, bras ballants, Armand d’Artagnan, crack pas bancal, as à la San A, l’agrafa. Car, l’an d’avant dans l’Arkansas… Flash-back !… »
Constatations et conclusion : l’écriture est un art économique, moins vous utilisez de lettres, plus vous allez à la pêche aux mots, et plus vous en (ap)prenez. Pas cap ?