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Le passeur connaît une extraordinaire vogue dans les ateliers d’écriture. On entend souvent les animateurs se définir, d’un seul trait heureux, par ce seul mot de passeur, montrant ainsi qu’ils se reconnaissent plus volontiers dans des images de bateliers, de meneurs de barque, d’initiés qui connaissent les gués et savent où l’on fait passer l’eau que dans la lourde armure de l’animateur. Il est vrai que le nom d’animateur est trop pesant, trop vain, puisque l’étymologie déclare carrément que c’est celui qui donne la vie. S’il fallait choisir, je délaisserais aussi l’animation, trop démiurge, orgueilleuse, assoiffée de puissance, au profit du plus discret passage. Pourtant, je trouve que c’est encore trop dire et mal définir le rôle de la personne qui reçoit les participants d’un atelier d’écriture. Et puis, je ne sais pourquoi, au fond, le passeur d’eau avec son côté baptiste, son ombre de Charon, son goût d’autre monde et de Léthé, me semble encore disproportionné. De plus, passer l’eau, ou encore passer le sable, tout cela me semble plutôt une façon minutieuse de passer le temps, une tâche mythologique, comme cette épreuve que Psyché, pour avoir brûlé Éros avec une goutte d’huile, eût à accomplir de trier des lentilles.
Passeur fait trop sasseur. Passer, c’est repasser.
Relais me conviendrait, je crois, parce qu’on y entend bien l’étape, le cheval fourbu, la paille fraîche, le besoin de repos et de nourriture. Mais je préférerais, par-dessus tout, être un bon conducteur. Question de fibres et de nervosité, question de transmission et de chaleur, d’amour des fluides, de haine des isolants, des gaines et des carcans inutiles. Le bon conducteur est celui qui se laisse traverser en opposant une résistance accueillante et calculée.
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www.regine-detambel.com
J’espère que vous apprécierez cette nouvelle expérience de navigation.
Merci de votre attention et à très bientôt !
Chaleureusement,
Régine Detambel