Propositions d'écriture

De quelque côté que l’on se place, participant, animateur, auditeur libre ou simple curieux, goûter aux ateliers c’est comme boire de l’eau de mer qui rend la soif toujours plus folle, une eau euphorisante, hallucinogène, enivrante, hypnotique, excitante. C’est que les ateliers révèlent à chacun une faculté exceptionnelle, qu’il faut croire d’ordinaire enfouie, et que tous peuvent voir à l’œuvre sur eux-même : ils étaient des dormants et, dans l’atelier, il faut se rendre à l’évidence, le mort se révèle soudain comme vivant. L’exaltation est absolue. Ce n’est pas la chair qui resurgit et se marbre de sang. Simplement, chaque proposition d’écriture fait tressaillir et boire ce qui était immobile et sec, dans la tête et dans l’existence : « On croyait apercevoir un bout de bois gâté, et c’est une grande sauterelle des foins qui s’envole, déployant sous ses élytres gris une seconde et brillante paire d’ailes. »
Écrire fait que j’aurai, quoi qu’il arrive, existé davantage, dit-on pour rendre compte du réveil de ces dormants d’un nouveau genre. Davantage, c’est plus, encore plus, c’est ce qui profite, ce qui l’emporte et qui fait honneur. Ces silences engloutissants, ces blancs, ces ignorances, ces dessiccations, les voilà interrompus et pour longtemps désamorcés par un temps d’écriture qui vaut un long signal de remémoration, de régénération. L’amour, l’admiration, la colère, l’humour, le respect, la sincérité, la curiosité, même et surtout le jeu, reviennent enfin héler l’atelier. Nous n’avions pas perdu le monde, disent certains avec des soupirs de soulagés. Ils reviennent parce l’atelier est une souple dépendance, une emprise active, une folie circulaire qui permet de se calmer et de se reprendre.