Propositions d'écriture

ANAGRAMME

Fabriquer une anagramme (du grec ana, renversement et gramma, lettre) consiste à créer un mot nouveau ou une phrase nouvelle, en replaçant, dans un ordre différent, les lettres qui les composent. Signe est l’anagramme de singe, Marie, celle d’aimer. Ronsard écrivit :
Marie qui voudrait votre nom retourner,
Il trouverait aimer, aimez-moi donc Marie !
Puisque c’était la coutume pour les écrivains de signer de leur anagramme, François Rabelais mélangea les lettres de ses nom et prénom pour en tirer Alcofribas Nasier, dont il orna son Pantagruel. Voltaire était l’anagramme de son nom véritable, Arouet le Jeune, écrit à la latine, Arovet L.I. Mais cette affirmation semble aujourd’hui dépassée. Claude Duneton soutient que Voltaire, c’est du verlan. Il aurait tiré son nom du village d’Airvault dont une partie de sa famille était originaire ! Paul Verlaine se mettait souvent en scène dans ses poèmes sous le nom de Pauvre Lélian.
Boris Vian signait Bison Ravi ou Brisavion. Raymond Queneau choisit Rauque Anonyme. Yourcenar est, à une lettre près, l’anagramme de Crayencour, le vrai nom de Marguerite. Françoise Giroud a mélangé, elle aussi, les lettres de son vrai nom, Gourdji.
Dans Pierre de Ronsard, on trouve Rose de Pindare. La prise de position de Lamartine en faveur de la République, en 1848, lui valut, d’un opposant politique, cette prédiction : Mal t’en ira ! Salvador Dali fut baptisé Avida Dollars par André Breton. Le Canard Enchaîné découvrit qu’en mélangeant les lettres de François Mitterrand, on obtenait : Feras Tintin, M. Rocard ! Parmi les anagrammes politiques célèbres, on trouve Voilà un crétin ! pour Vincent Auriol. Finissons en beauté avec l’anagramme de Jean-Paul Belmondo : Une jambe d’Apollon...