Propositions d'écriture

EPITAPHES

Des vers sur beaucoup d’autres s’écriait Léo Campion, donnant ainsi une féroce définition de l’épitaphe. Une épitaphe, c’est tout simplement une inscription gravée sur une tombe. Commençant traditionnellement par les mots rituels Ci-gît, elle est censée encourager toute personne visitant un cimetière à célébrer le souvenir des morts et à lui faire prendre conscience de sa propre condition de mortels. Souvent, les grands hommes se sont chargés eux-mêmes d’écrire leur épitaphe. Par exemple, Piron, le poète du XVIIIe, dressa ainsi le bilan d’une vie, à ses yeux plutôt ratée :

Ci-gît Piron
Qui ne fut rien,
Pas même un académicien !

Le poète Scarron, premier mari de Mme de Maintenon, fut un grand insomniaque. Il écrivit ainsi sa propre épitaphe :

Passant, ne fais ici de bruit
Garde que ton pas ne l’éveille
Car voici la première nuit
Que le pauvre Scarron sommeille !

Rivarol, qui mourut en 1801, se servit ainsi :

Ci-gît Antoine, comte de Rivarol
La paresse nous l’avait ravi
Avant la mort.

Pour les collectionneurs d’épitaphes, et ils sont nombreux à parcourir les allées des cimetières, un petit carnet à la main, voici la poétique et latine trouvaille de Marcel Pagnol :
Fontes, amicos, uxorem delixit. (Il aima les sources, ses amis et sa femme.)

Bien entendu, l’épitaphe est aussi le terrain de toutes les vengeances et les vers les plus méchants accompagnèrent la mort des hauts personnages.
Pour Robespierre, on inscrivit :

Passant, ne pleure pas ma mort :
Si je vivais, tu serais mort !