Résidence d'écriture


Les mots de la gourmandise
Les mots de la gourmandise
Présentation
Cafés littéraires : des mots, des livres, les voix des lecteurs

Inversons le processus ! Après avoir écouté et questionné des écrivains, c’est au public des bibliothèques de se pencher maintenant sur le micro.
Le vocabulaire de la nourriture ne sert pas seulement à parler de ce qu'on mange. Il donne lieu à des expressions imagées et savoureuses de tendresse et d’amour.
Mon petit amour en sucre ! Mon loukoum ! Mon sucre d’orge !
La cuisine n'est pas qu'affaire de recettes. C'est aussi une espèce de lumière gastronomique qui a son vocabulaire secret. Et les gourmands eux-mêmes ont construit un trésor de mots succulents. C’est le mot qui fait le gourmand et le philosophe : "Si je mange un gâteau rose, le goût en est rose ; le léger parfum sucré et l'onctuosité de la crème au beurre sont le rose." (Jean-Paul Sartre, L'Être et le néant).
Donnez-nous un mot de vous, le mot qui met en appétit, le mot qui vous régénère, le mot qui vous donne du cœur au ventre, ce mot palpable et aussi essentiel que du sel, que du pain, que quelqu'un, vous n’avez plus qu’à le faire apparaître. On peut être gourmand de tout.

Un café littéraire qui donne la parole au public et permet de composer, le temps d’une rencontre, un petit florilège pour se remettre en bouche le goût de la vie et de la convivialité.

 





Etudes
Quelques ouvrages sur le thème de la gourmandise…

« J’écris dans la cuisine, un endroit prosaïque. L’écrit est ma cuisine, du cru au cuit, du lait du miel du sang, j’en ai plein les mains. » Pour Anne-Marie Garat, la cuisine est le laboratoire existentiel par excellence. « Couture, cuisine, écriture sont des activités analogues, pour peu qu’on chausse ses lunettes et affûte ses petits couteaux. »
Qu’on soit auteur ou lecteur, la littérature est une alchimie et une cuisine…

A lire, pour se mettre en appétit, des écrivains qui ont su faire jouer la langue autant que les papilles.
Au pays des macarons, Clémence Boulouque…
La cuisine paléolithique de Joseph Delteil
Une Gourmandise, le premier roman de Muriel Barbery, traduit en onze langues. A la veille de mourir, un grand critique culinaire cherche à se rappeler une saveur qui lui « trotte dans le cœur », « une saveur d'enfance ou d'adolescence, un mets originel et merveilleux avant toute vocation critique, avant tout désir et toute prétention à dire [son] plaisir de manger. » Et nous l'accompagnons dans sa quête mentale au fil de la trentaine de courts chapitres qui alternent ses souvenirs et les regards de ses proches qui l'aiment ou le détestent pour la place démesurée de sa passion. Pourquoi cherche-t-il cette saveur ? « La question n'est pas de manger, ce n'est pas de vivre, c'est de savoir pourquoi. »

Le dîner de Babette, Karen Blixen
C'est la deuxième nouvelle de ce recueil, un texte d'une cinquantaine de pages, qui a inspiré le film intitulé Le festin de Babette. Contrainte à l'exil par la Commune, Babette quitte Paris pour la Norvège où elle devient la domestique de deux sœurs vieilles et acariâtres. Au bout de douze ans, elle apprend qu'elle a gagné dix mille francs à la loterie et décide de consacrer cette énorme somme à la préparation d'un dîner, à l'occasion du centenaire du père de ses logeuses, un festin inoubliable comme ceux qu'elle préparait à Paris.

Histoires de bouches, Noëlle Châtelet
Après avoir publié sa thèse, Le corps à corps culinaire (Seuil, 1976), Noëlle Châtelet a choisi la fiction pour continuer à évoquer nos émois gastronomiques. Ce recueil (Prix Goncourt de la Nouvelle en 1987) regroupe dix-huit récits « inspirés de faits réels, où la nourriture est prétexte à dévoiler ce qui se cache en chacun de nous, où la nourriture devient langage. Comiques, tragiques, tragi-comiques, il y en a pour tous les goûts… ».

Aphrodite, Isabel Allende
Un livre délicieux où contes érotiques et recettes aphrodisiaques se mêlent intimement. « Le plaisir charnel le plus intense pris sans hâte sur un lit désordonné, clandestin, combinaison parfaite de caresses, de rire et de jeux de l'esprit, a goût de baguette, de fromage français et de vin du Rhin. L'un quelconque de ces trésors de la cuisine fait apparaître devant moi un homme précis, ancien amant qui revient avec persistance, tel un fantôme aimé, éclairer mon âge mûr d'une lumière espiègle. Ce sandwich au jambon et au fromage me renvoie l'odeur de nos étreintes, et ce vin allemand, le goût de sa bouche. Je ne peux séparer l'érotisme de la nourriture […] De là est venue l'idée de ce livre, voyage sans carte à travers les régions de ma mémoire sensuelle, où les frontières entre l'amour et l'appétit sont si floues que je m'y perds parfois. »

Psychanalyse de la gourmandise, Gisèle Harrus-Révidi
« Assumer une pulsion vitale, en accepter les limites apportées par les fantasmes originaires, les angoisses primitives, la violence innée, intégrer le tout dans un moi en ouverture sur le monde et puis faire avec... Voilà le souhait que la fée-représentante maternelle devrait émettre devant chaque berceau. Être gourmand, c'est savoir aimer. » 


Scènes gourmandes, George Sand
Anthologie. À lire George Sand, on ne recueillera pas seulement des recettes qui nous donnent envie de faire à notre tour de la cuisine berrichonne – qui n'aurait envie d'essayer de faire une omelette aux écrevisses ou une tourte aux poires en suivant ses instructions ? – mais on prendra conscience, par-delà le rôle romanesque de ces moments de convivialité, du rôle social de la nourriture dans la vie humaine, de son rôle initiatique et même mystique : tout repas est susceptible de devenir une Pâque.

Et aussi Dolce agonia, de Nancy Huston, le Ventre de Paris (Zola) ou les Recettes de Pepe Carvalho, le détective catalan créé par Manuel Vásquez Montalban. Ce livre réunit 120 de ses recettes (issues des divers romans) avec quelques explications permettant au lecteur de se lancer dans leur préparation.

..........






Nota bene
A la bibliothèque du Pays de Crussol, en Ardèche, ce café gourmand fut accompagné de savoureux ateliers d'écriture ! Avis !