Combat singulier
Le vent était tombé. Un soleil aussi dur qu’une carapace d’insecte. La chaleur était pleine de pattes dardées dans tous les sens du ciel. Je chantais.
Qu’est-ce qui pourrait rendre exactement la façon dont le coup de soleil répartit soudain les membres — surtout la pointe des épaules, les genoux — en foyers actifs et crépitants ? Le coup de soleil ne foudroie pas, ne noircit pas, sa serre ne déchiquette pas. Il se répand plutôt comme une nappe, un métal fondant, une poix. On pourrait même dire qu’il fait le ruban, tant sa façon de s’installer est lente et pénétrante. Je ne connais encore des couleurs que les crayons de ma trousse, et j’ai soudain le frisson devant l’arrogance et la vivacité de mes propres roses. On me tire vite à l’ombre en me montrant le ciel avec une haine panique. Puis la douleur me cuit vivante. Cela mord comme un hameçon dans la tête d’un petit poisson. À mesure que le soir tombe, je rougis vivement et revêt, pièce par pièce, une armure convexe et rutilante.
Voilà à peu près à quoi ressembla mon premier combat singulier avec le soleil.
© Régine Detambel
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J’espère que vous apprécierez cette nouvelle expérience de navigation.
Merci de votre attention et à très bientôt !
Chaleureusement,
Régine Detambel